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Les Réveilleurs d'histoires

La question de l’identité est une énigme complexe. Qu’est-ce qui fait que je suis moi ? 


Je me souviens, donc je suis ?

Dans son dernier livre : « Vivre avec son passé — Une philosophie pour aller de l’avant », Charles Pépin se fait ambassadeur de la nécessité de la création de récits de vie et propose à chacun de prendre position sur son histoire.


C’est en cela qu’il nous enthousiasme à continuer à travailler avec l’approche narrative, dans l’idée de rendre une identité digne aux personnes qui entrent en contact avec nous.


Extrait de l’interview de Charles Pépin avec Grégory Pouy pour le podcast VLAN :


"Pour les psychanalystes le moi est protéiforme et n’a pas vraiment d’unité centrale. 


D’un point de vue physiologique non plus : tous les sept ans, les cellules de notre corps sont régénérées. L’ADN est peut-être un marqueur de l’identité, mais s’identifie-t-on à son ADN ?  Au bleu de ses yeux ?


La réponse des croyants dans l’histoire de l’occident quant à la définition de l’identité est la suivante : Dieu assure la permanence de notre âme et c’est en Dieu que « J’» existe.


La réponse de Descarte : Je peux douter de tout mais quand je vois que je pense, je sais que j’existe, donc je pense donc je suis... Pourtant, le fait de penser ne me dit pas vraiment qui je suis dans ma singularité, dans mon identité.


David Hume est ce philosophe radical qui nous dit : si je me retourne sur moi-même et que je chercher mon identité, je ne la trouverai pas. J’aurai ce souvenir, puis cet autre, cette impression, puis cette autre, dans un ensemble hétérogène, fluctuant, mobile, incohérent. David Hume s’est arrêté là dans sa réflexion, avec une radicalité sublime. Mais il est un peu de mauvaise foi.


John Lock lui rétorque : « Mon ami David, tu fais semblant de ne pas voir que quand tu te souviens de ces souvenirs, c’est toujours toi qui te souviens, et qu’il y a peut-être un point commun entre tous ces souvenirs : c’est la même personne qui les a vécus. » D’où la proposition de John Locke : L’identité et la mémoire vont ensemble. Si je veux savoir qui je suis, il faut que je me souvienne de mon chemin de vie, de mon histoire.


Ce n’est pas simplement que je me souviens et que, de manière proustienne je sens la présence de mon moi, c’est aussi que je vais, en me retournant sur mon passé, entendre ce qui compte pour moi, ce qui ne m’a pas plu, là où je ne me suis pas rencontré. Et inversement : je me souviens là où c’était bon pour moi : telle rencontre m’a fait du bien, telle autre m’a diminué. Tel métier ou tel poste m’a éveillé, tel autre m’a écrasé. On reconnaît alors le moment où la vie est faite pour soi.


Bergson propose d’inscrire : le moment où s’élève la mélodie intérieure de sa subjectivité. Il faut reconnaître cette note, identitaire, singulière, plus subjective. C’est sur cette note que l’on va pouvoir aller de l’avant d’une manière qui chante et qui appelle. Mais si la personne est amnésique, dans l’illusion moderne d’aller de l’avant, sans s’intéresser à son passé, si elle veut faire table rase du passé comme dit Marx, ou Sartre. Si elle pense comme un existentialiste qui dit que seul l’avenir importe, que le passé n’est pas une détermination importante et qu’il n’y a qu’une situation de départ, la personne ne va pas pouvoir reconnaître cette note qui est faite pour elle. Elle ne va pas savoir reconnaître cette mélodie intérieure de sa subjectivité propre. Elle va tomber, ou être coupée d’elle-même, être scindée, elle ne pourra pas aller de l’avant de manière accomplie. "


"Un voyage dans le passé est nécessaire pour redonner une chance à l'avenir"


http://www.vlanpodcast.fr/277-le-pouvoir-de-la-memoire-vivre-avec-son-passe-pour-avancer-avec-charles-pepin/


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